Mais imagine, quand même. || Basile

« Atchoum ! »

« CHHHHHHHHHH. »

Tu rentres la tête dans tes épaules comme une petite tortue quand une volée de têtes se tourne dans ta direction après cet éternuement infâme, que dis-je, blasphème, que dis-je, sacrilège dans le temple que de la lecture et du silence. Serrant tes livres contre ta poitrine, tu te faufiles entre les rayonnages moins pour chercher une encyclopédie sur les pierres magiques que pour étouffer le buisson de coquelicots en pleine éclosion intempestive sur tes joues – c’est une métaphore ; enfin, peut-être pas maintenant que vous me le dites.

Echange de bras pour soutenir les bouquins et tu plonges une main fébrile et légèrement gonflée par l’allergie dans la poche de ton jean afin d’attraper un mouchoir en tissu pour l’étendre dans ta paume et te moucher. La gêne est si forte qu’elle te donne l’impression de souffler des morceaux de ton cerveau par appel d’air à travers tes sinus. Heureusement, cette fois-ci, pas d’épistaxis à déplorer ; ouf, sauvée. Manquerait plus que ça.
Tu tournes à l’angle de la rangée qui t’a habilement dissimulée aux yeux des visiteurs de la bibliothèque pour te glisser enfin vers la porte menant à la réserve et donc à ton père. Lorsque le panneau se referme enfin derrière toi, tu soupires de soulagement.

« Papa t’es là ? »